Aux Universités de Rentrée du Modem 2015 à Guidel, Fadila Mehal a animé un atelier sur les fractures sociales et humaines et la question de la réconciliation des Français avec la République. Le débat est tellement actuel et vaste que l’heure et demi qui lui était attribuée n’a permis que d’effleurer la question. Sous l’impulsion de Fadila, il en est tout de même ressorti des pistes intéressantes. Ce qui va suivre n’est pas un résumé de l’atelier mais plus une réflexion issue de l’atelier et des discussions menées avec certains participants.
Le constat de la fracture est maintenant suffisamment discuté et commenté pour être devenu un lieu commun du discours politique. Ce discours quand on vient au moyen de dépasser ces fractures revenant à « faites-moi confiance, je suis différent des autres ».
Cependant, depuis maintenant vingt ans le changement va plutôt dans le sens de l’aggravation. Aggravation mesurée lorsque l’on parle des inégalités de revenus et ressentie à travers les paroles entendues par les médias et les réseaux sociaux voire à travers les actes de violences.Il est étrange de noter d’ailleurs que de la part des présidents, la réponse est d’utiliser, dans leurs discours, systématiquement des fautes de français afin de « faire peuple ». Les communicants, comme le médecin de Molière, ne pouvant offrir aux maux divers de la société que les même mots.
Car quand on parle de fractures, on parle aussi bien de fractures générationnelles, que territoriales, que culturelles voir cultuelles. Il ne suffit pas de jouer sur l’identification d’un dirigeant à une population car alors c’est mettre directement à l’écart la part de population qui n’est pas identifiée au dirigeant. Nous savons par notre histoire, et nous constatons à travers le monde, où mènent ces mises à l’écart.
L’idée qui a fondé notre République est l’unicité du peuple, pas l’unicité des individus. C’est la dimension d’égalité de notre devise. Cette notion a d’ailleurs était encadré par la liberté pour éviter l’enfermement de l’individu dans une masse étouffante et par la fraternité nécessaire à l’unité dans la différence des individus.
Finalement, la question du dépassement de ces fractures revient à retrouver un langage commun. Et, pour être fidèle à notre histoire, cette langue rigoureuse qui a fondé cette conscience d’une France qui dépasse ses frontières physiques.
En un temps de résurgences des langues régionales et de la confrontation mondiale des cultures, la tentation est forte de voir là un combat d’arrière-garde perdu d’avance. Il faut au contraire penser la langue comme étant la base du pacte républicain. Pas de pacte sans parole donnée, pas de parole donnée sans langage commun.
L’imposition d’une langue unique, si castratrice soit-elle, n’a pas empêché le maintien de langues régionales ni la conscience de particularismes religieux et culturels. Elle a par contre permis de sortir de l’enfermement dans une destinée et un groupe déterminé.
Une fois cette base acquise, il existe un débat évité jusqu’à présent sur le contenu exact du pacte républicain. Si l’accès à l’éducation et la connaissance ne fait pas vraiment débat, les habitudes alimentaires en font elles parties ?
C’est là un débat à mener non pas pour exclure telle ou telle partie de la population mais au contraire pour définir précisément ce qui est notre base commune.
(Texte co-écrit avec Danièle Noël et Sadia Sadoune)
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