Dans son discours de politique générale, François Bayrou a abordé de nombreux défis auxquels le pays fait face, mais c’est en évoquant la santé que le Premier ministre retient mon attention. François Bayrou a cédé sur le budget de la Santé pour apaiser les tensions. La Santé est un sujet sensible pour les Français qui se déclare de plus en plus insatisfait de son fonctionnement. Ces annonces, bien que saluées par certains, soulèvent des interrogations sur leur suffisance pour répondre aux attentes pressantes des acteurs du système de santé. Ce discours illustre la complexité de conjuguer réponse immédiate et vision à long terme dans un contexte budgétaire contraint.
Le gouvernement se trouve pris dans un étau budgétaire contraint. La décision de François Bayrou de ne pas réintroduire le déremboursement de certains médicaments et consultations, tout en augmentant légèrement l’Objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), illustre cette tension. Les attentes des soignants et des patients sont immenses : améliorer les conditions de travail, protéger les plus fragiles, ou encore financer correctement des hôpitaux à bout de souffle. Pourtant, ces ajustements demeurent bien en deçà des besoins exprimés sur le terrain. Dans cette quête d’équilibre, la recherche de fonds amène fatalement à de nouvelles taxes ou à des coupes ailleurs. Ce cercle vicieux est un miroir de l’état actuel de notre gouvernance, où chaque geste est un compromis, souvent aux dépens de la vision d’ensemble.
Cette réalité met en lumière une faiblesse chronique : un pilotage dicté par l’urgence, sous la menace permanente de la censure parlementaire. En seulement deux ans, sept ministres de la santé se sont succédé, et chaque budget est revu dans une logique d’ajustement court-termiste. Comment répondre efficacement à la crise des hôpitaux, à la saturation des soignants, et aux besoins des patients si chaque décision se limite à calmer l’immédiat ? Les promesses se succèdent sans véritables réformes structurelles, laissant des secteurs entiers dans un état d’attente frustrante. Cette méthode engendre un immobilisme masqué par des gestes ponctuels, tandis que les problèmes de fond s’aggravent.
Pourtant, une voie existe pour sortir de cette impasse : une loi pluriannuelle de financement, basée sur des objectifs consensuels définis avec les parlementaires. Cette approche offrirait enfin une stabilité nécessaire pour permettre aux acteurs de la santé de se projeter. Au lieu de naviguer à vue, il s’agirait de tracer une route commune, ambitieuse mais réaliste, répondant aux besoins pressants tout en construisant des solutions durables. Ce dialogue entre l’exécutif et le législatif, ancré dans des engagements sur cinq ans ou plus, redonnerait sens à la gestion publique et espoir à ceux qui dépendent d’un système de santé à reconstruire. Pour refonder, il faut d’abord choisir de voir loin.
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