La chute historique de Bachar Al-Assad marque un tournant décisif dans l’histoire récente du Proche-Orient. Cet événement, aux implications géopolitiques profondes, expose également les faiblesses des alliés du régime, notamment la Russie. Il est temps pour l’Europe de tirer des leçons de cette tragédie et d’interroger les complicités politiques qui, au mépris de toute morale, ont soutenu ce régime oppressif.
La chute d’un régime oppressif
Après des décennies de règne marqué par la répression, la peur et l’oppression, le régime de Bachar Al-Assad s’est effondré à une vitesse stupéfiante. Une coalition d’insurgés, portée par une dynamique implacable, a d’abord conquis Alep, puis Homs, avant de prendre Damas. Les symboles du régime ont été détruits, et des milliers de prisonniers politiques, enfermés parfois depuis des années, ont été libérés.
Ce basculement s’explique en partie par l’effondrement total de l’armée syrienne. Minée par des années de combats et une corruption endémique, elle s’est désintégrée, ses soldats fuyant vers les pays voisins, tandis que les rebelles progressaient sans réelle résistance. Même les bastions traditionnels du régime, comme la région alaouite, ont vu monter un ressentiment populaire, alimenté par la misère et l’usure d’un conflit interminable.
Pour le peuple syrien, cette victoire représente un espoir immense, mais aussi des défis redoutables. La coalition insurgée, dominée par des islamistes radicaux, suscite des craintes quant à l’avenir de la gouvernance. Mais une chose est claire : le peuple syrien aspire désormais à tourner la page d’un demi-siècle de dictature.
Une Russie affaiblie par ses ambitions démesurées
La chute d’Assad met également en lumière l’affaiblissement dramatique de la Russie sur la scène internationale. Longtemps perçue comme l’arbitre incontournable des conflits syriens, elle s’est retrouvée incapable de réitérer l’intervention militaire qui avait sauvé le régime en 2015. Engagée dans une guerre coûteuse et prolongée en Ukraine, la Russie a vu ses capacités militaires et logistiques se diluer, la rendant impuissante à protéger ses intérêts stratégiques en Syrie.
L’armée russe a bien tenté de ralentir la progression des rebelles par des frappes aériennes, mais sans renseignement au sol et face à des adversaires de plus en plus mobiles, ces attaques se sont révélées inefficaces. Les bases de Tartous et Hmeimim, joyaux de la présence russe dans le bassin méditerranéen, sont désormais menacées.
Cette situation expose les limites d’un Kremlin embourbé dans une guerre d’usure en Ukraine, incapable de préserver ses alliances ou d’exercer une influence décisive au Moyen-Orient. Plus encore, elle illustre les conséquences désastreuses d’un entêtement stratégique : la Russie s’isole et s’affaiblit chaque jour davantage, tant sur le plan militaire qu’économique.
Naufrage moral au RN et chez LFI
Face à cette tragédie, il est impossible d’ignorer les positions prises par certains responsables politiques français qui, à travers leurs partis, ont soutenu un régime criminel et son allié russe. Jean-Luc Mélenchon (LFI), Thierry Mariani (RN) et Rima Hassan (LFI) ont, chacun à leur manière, entraîné leurs formations politiques dans une défense honteuse de la Russie et du régime d’Assad.
Ces positions, souvent justifiées par une opposition à l’Occident ou un discours pseudo-anti-impérialiste, témoignent d’un mépris flagrant pour les souffrances des peuples. Quelles que soient les critiques envers la politique étrangère des États-Unis ou de l’Europe, rien ne saurait légitimer un soutien, même implicite, à un dictateur responsable de centaines de milliers de morts et de millions de déplacés.
Comment ces responsables peuvent-ils justifier un tel alignement moralement insoutenable ? Comment peuvent-ils défendre une Russie qui bombarde aveuglément des populations civiles, tout en prétendant incarner des valeurs de justice et de paix ? Leur silence face à la répression, les massacres et les crimes de guerre en Syrie est une tache indélébile sur leur crédibilité.
L’Histoire jugera sévèrement ceux qui ont choisi de fermer les yeux sur des crimes innommables au nom d’un cynisme politique. Il est temps pour la France et ses citoyens de dénoncer sans ambiguïté ces dérives, qui trahissent les valeurs fondamentales de la République.
L’objectif impératif d’une Europe active
Face à ces bouleversements, l’Europe doit assumer ses responsabilités pour aider à stabiliser la Syrie post-Assad et éviter qu’un nouveau cycle de chaos ne s’installe. L’objectif premier doit être d’ouvrir des négociations inclusives avec l’ensemble des forces rebelles. L’Union Européenne peut tirer parti de son poids économique et de son modèle de société attrayant pour amener un apaisement des tensions entre factions insurgées. En se posant comme un acteur neutre et crédible, elle peut limiter l’ingérence destructrice des puissances étrangères qui manipulent le peuple syrien pour leurs propres intérêts.
C’est une occasion unique pour l’Europe de prouver qu’elle peut être un acteur influent et bienveillant sur la scène internationale. Fournir un soutien diplomatique, économique et, si nécessaire, des garanties de sécurité aux acteurs sur le terrain peut transformer une victoire militaire incertaine en une paix durable et équitable.
Les rouages de l’Histoire écrasent ceux qui refusent le mouvement. Il appartient maintenant à l’Europe de se montrer à la hauteur de cet instant décisif. Ne rien faire, ou rester sur des postures morales déconnectées de l’action concrète, reviendrait à abandonner les Syriens à leur sort et à permettre à d’autres de dicter l’avenir de cette région. L’heure est à l’action, et le temps presse.
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