Onde de choc pakistanaise

Des journalistes du Hindustan Times auraient retrouvé le père du jeune homme qui revendique l’attaque au hachoir devant les anciens locaux de Charlie. Il se serait déclaré « fier de son fils ». Il demanderait en outre au premier ministre de son pays de le rapatrier. Sans doute, pour l’accueillir en héros qui a suivi « le chemin du prophète » comme le jeune homme l’a déclaré sur une vidéo.

Cette information peut être sérieusement mise en doute. Ce journal est le deuxième le plus lu en Inde. Ceci peut le pousser à publier des informations qui représente les Pakistanais comme des hystériques musulmans. On peut toutefois le prendre non pas comme une information mais comme un indice d’une situation.

Il y a plusieurs manières d’interpréter cet indice. D’abord on peut se désespérer de voir des gens se réjouir de souffrances injustifiables infligées à tort à des personnes étrangères à cette affaire. Les victimes n’ont été aussi sauvagement agressées que parce qu’elles étaient journalistes et étaient proche des anciens locaux de Charlie. Devant cette monstrueuse bêtise, on peut se demander si la lumière de la raison n’a pas définitivement quitté l’Humanité.

Certains, seraient tentés de trouver des excuses aux agresseurs. Après tout, ils ne font que répondre à l’agression coloniale qui cherchent à ridiculiser ce qu’ils ont de plus cher. C’est oublier que Charlie traite avec un égal mépris toutes les religions. Et surtout, que Charlie s’oppose avec la même vigueur aux tentations néocoloniales de la France.

Il y a dans cette attaque quelque chose qui ne colle pas avec les précédentes. Même si les vautours du Uber Djihad se sont précipités pour se faire mousser, la vidéo du jeune homme ne montre aucune affiliation claire. Il semble n’avoir agit que de sa propre initiative.Pour des Pakistanais, la source d’information sur l’Occident est essentiellement anglo-saxonne. Plus précisément, de manière directe ou indirecte, la BBC alimente en information ce pays et par ricochet sa diaspora. J’ai été très étonné d’apprendre par Mme Fourest que la BBC avait présenté la réédition des caricatures comme une nouvelle provocation. Présenté ainsi, sans expliquer ce qu’est Charlie et son attitude face à toute religion, c’est les présenter comme des ennemis de l’Islam. C’est clairement les désigner comme cible face à des populations chauffées à blanc par un pouvoir instrumentalisant la religion pour le contrôle social.

Et surtout, cela montre que les idées universalistes de la France n’arrivent plus à passer nos frontières. Nous n’arrivons plus à faire comprendre notre vision du monde et à faire adhérer les élites intellectuelles. Là où nous parlons de laïcité, le monde ne voit que haine de la religion en général et de l’Islam en particulier. Nous n’arrivons plus à faire adhérer à cette belle idée qu’un État neutre est nécessaire à la paix sociale. Il faut dire que le combat de la laïcité a été détourné vers un athéisme militant par certains. D’autres s’en sont clairement emparé pour stigmatiser l’Islam.

Nous avons oublié que la laïcité était une condition de la stabilité Française. Et s’il faut y toucher c’est d’une main tremblante car l’équilibre de notre société y est profondément lié.

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