Troisième rencontre des Mariannes de la diversité : une laïcité désirable ? (2/3)

Deuxièmes parties de mes réflexions suite aux rencontres des Marianne de la diversité.

Une autre question c’est qu’est ce qui a pu rendre la laïcité désirable en France et aussi incompréhensible ailleurs. En effet, Olga Trostiansky signalait, lors de son intervention, la difficulté de faire comprendre le concept de laïcité « à la française » même parmi les autres pays européens.

Classiquement, l’émergence du concept de laïcité en France est lié aux guerres de religion et à la mise en place des édits de tolérances. Mais l’Allemagne a connu des guerres de religions aussi dévastatrices que la France et n’a pas la même conception de la laïcité. Joseph II a édicté un édit de tolérance dans toutes les possessions des Habsbourgs (Pays Bas, Belgique, Autriche et Hongrie) et pourtant là aussi la conception de la laïcité n’est pas la même.

Faut il y voir un effet de notre centralisme ? En effet, l’Allemagne n’existait pas en tant qu’entité politique unitaire à l’époque de la guerre de trente ans. Le Saint Empire romain germanique dans lequel l’Allemagne actuelle était incluse, se caractérisait par une grande latitude des princes à gérer chacun leurs affaires. La solution apparaissait alors, jusqu’à Joseph II, de considérer que le prince faisait la religion de son état. Catholique ou Luthérien, selon la religion du prince (cujus regios, ejus religio).

L’unification les a conduit à trouver un modus vivendi loin de notre vision de ce qu’est la laïcité. Ce modus vivendi peut se résumer à ce que l’état fédéral continue de maintenir les positions acquises des différentes religions allemandes en leur reversant à travers l’impôt les subsides que leur versait les princes.

Finalement aurions nous eu la laïcité si nous n’avions pas été un seul royaume sous un seul roi ?

Pour les pays arabo-musulman, la question est différente puisqu’il n’y a plus eu de guerre de religion depuis les croisades. C’est d’ailleurs tellement sensible que c’est systématiquement le concept qui revient dans les esprits des extrémistes musulmans quand ils sont confrontés à une autre religion.

Une réflexion de Mme Kriegel m’a alors particulièrement interpellée :  « je pense qu’il y a une dimension universelle à la laïcité française »

En effet, selon elle, certaines idéalités sont nées d’un particularisme mais ont réussi à devenir universelles. Par exemple les mathématiques sont indiennes, arabes et grecques mais maintenant elles sont devenues universelles.

En y réfléchissant, je suis vite arrivé sur le constat que ce qui a rendu les mathématiques universelles c’est qu’elles ont une dimension profondément désirable. En effet, les mathématiques donnent une capacité de maîtrise à ceux qui les utilisent sur leur environnement. Alors la question vient de savoir en quoi la laïcité est elle capable de se rendre désirable ?

Pour reprendre l’exemple du monde arabo-musulman, cette question se pose de manière particulière devant le fait que de nombreuses femmes éduquées se sont remises à porter le voile et à tourner le dos à la modernité occidentale. Elles ne tournaient pas nécessairement le dos à la laïcité mais de fait la laïcité faisait partie de ce qu’elles rejetaient.

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