Guerre contre l’Ukraine : La Destruction d’un Peuple et d’une Culture

Dans les rues désertes de Kherson, le vrombissement d’un drone n’est plus un accident de guerre. C’est un langage. Celui de la peur, insidieux et omniprésent, un message adressé à chaque citoyen ukrainien : « Vous n’avez plus de chez-vous. » Plus qu’un conflit armé, la guerre que mène la Russie en Ukraine est une guerre de négation. C’est un affrontement où l’objectif n’est pas seulement de conquérir un territoire, mais de détruire l’âme d’un peuple, de réduire à néant une culture, une histoire, une mémoire.

Le théâtre de l’inhumain

À Kherson, les drones russes ne ciblent pas les positions militaires mais les taxis, les autobus, les civils qui osent encore se tenir debout dans les ruines de leur quotidien. Chaque attaque, chaque bombe lâchée depuis un engin volant, s’apparente à un acte de sadisme programmé. Ces agressions n’ont pas pour but une victoire stratégique ; elles sèment la terreur, la désolation, et l’effacement. Comment comprendre autrement l’idée de déclarer une « zone interdite » où chaque être humain devient une cible légitime ? Ce n’est pas une guerre contre un pays : c’est un carnage organisé contre un peuple.

Les récits glaçants de Kherson révèlent une volonté délibérée de détruire la trame même de la société ukrainienne. Une infirmière fuyant un drone, un chauffeur de taxi qui succombe à ses blessures, une vieille femme mutilée en achetant une pastèque. Ces vies brisées dessinent une ligne macabre : la Russie vise la destruction méthodique de l’espoir.

La culture sous les décombres

Ce conflit dépasse les chiffres des morts et des blessés. Ce qui est visé, c’est l’essence d’un peuple, sa capacité à transmettre ce qu’il est. Les attaques n’épargnent ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les maisons où chantait la langue ukrainienne. Les bombardements sont un marteau frappant les piliers de la culture ukrainienne : sa langue, ses traditions, son identité. Comment préserver une chanson, une histoire, un mythe, lorsque chaque nuit est peuplée de cauchemars, chaque réveil d’alertes aériennes, chaque instant d’angoisse ?

Les survivants eux-mêmes deviennent des spectres. Leurs récits sont hantés par l’incompréhensible : la violence gratuite, l’humiliation, la perte de tout repère. L’exode vers des villes plus sûres n’est pas une fuite vers la liberté, mais une migration forcée qui fracture encore davantage les familles, les communautés.

L’inhumanité comme système

Les témoignages issus des villes libérées comme Balakliïa montrent une autre facette de cette entreprise de destruction : les tortures, les viols, les humiliations infligées à ceux qui sont restés. Il ne s’agit pas de simples « exactions de guerre ». Elles sont le prolongement d’une logique impériale qui refuse d’admettre l’existence même de l’autre. La négation de l’identité ukrainienne passe par l’anéantissement de l’individu, dans son corps et dans son esprit.

Viktoria, enfermée avec sa fille dans une cellule où l’air manque, n’est pas seulement une victime. Elle est la preuve vivante d’un plan systématique d’humiliation, conçu pour écraser la résistance morale des Ukrainiens. De génération en génération, les blessures laissées par cette guerre alimenteront une mémoire du trauma. Que restera-t-il d’une enfance passée à dessiner des monstres sur des cahiers, quand les cauchemars prennent la forme de soldats et de checkpoints ?

Résister à l’effacement

Dans ce théâtre de l’inhumain, la survie des Ukrainiens est un acte de défi. Ceux qui continuent de parler leur langue, d’écrire, de transmettre des récits, ceux qui refusent de disparaître malgré les bombes et la peur, incarnent une résistance qui dépasse les armes. Car ce que la Russie combat, ce n’est pas seulement un drapeau ou des frontières. C’est l’idée même qu’un peuple puisse exister sans plier face à l’empire.

Mais à quel prix ? Le traumatisme collectif risque de modeler une société fragmentée, marquée par des générations d’enfants privés d’insouciance, d’adultes rongés par l’angoisse, de vieux qui s’éteignent avec pour dernière image celle de leur maison détruite.

Le devoir de mémoire

Nous ne devons pas détourner les yeux. Ce conflit n’est pas une guerre comme les autres. C’est une tentative d’effacement d’un peuple par un autre. Ignorer cela, c’est se rendre complice de l’oubli. Car si l’Ukraine tombe, elle tombera comme une voix qu’on fait taire, comme une culture qu’on arrache à ses racines. Et avec elle, c’est une partie de notre humanité commune qui disparaîtra.

Il nous appartient d’entendre ce cri. Et d’agir pour que cette voix, celle d’un peuple refusant de céder, ne soit pas la dernière.

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