Les vacances commencent à se profiler pour moi et avant de partir il est de coutume de faire un petit bilan de la séquence électorale qui vient de se dérouler. Cette année je me suis beaucoup impliqué sur mes terres d’origines mais j’ai gardé un œil plus que bienveillant sur le Val de Marne où j’ai laissé des amis chers.
Autant la première phase de cette année a donné un résultat encourageant, autant la séquence des législatives a de quoi laisser perplexe. Mais des enseignements nets peuvent toutefois en être tirés et des inquiétudes sur l’évolution du paysage politique.
La réélection d’Emmanuel Macron a été un fait inédit depuis la mise en place du quinquennat. Si Charles de Gaulle et François Mitterrand avaient été réélus, ça avait été après des séquences assez mouvementées qu’ils avaient eu le temps de stabiliser avant l’élection.
Peut-être que la phase Covid a permis de stabiliser la crise des Gilets Jaunes qui couvent toujours à bas bruit. Force toutefois est de constater que les partis, Debout la France et Les Patriotes, qui s’en veulent une traduction électorale ne représente pas grand-chose dans le débat. Ce mouvement, qui a été approuvé par plus de 60% des Français dans ses grandes heures, n’a pas trouvé de candidat ni de parti pour les porter dans le jeu institutionnel.
La campagne présidentielle a été largement atone. Les candidats malheureux ont tous blâmés dans un bel ensemble le président de cette atonie. Réalisent-ils que se faisant ils reconnaissent que seul Emmanuel Macron peut déclencher l’intérêt des Français ? Quel échec pour ceux chargé de porter la contradiction !
Ce qui a marqué par contre est que maintenant Marine Le Pen est solidement arrimée au deuxième tour. Elle a gagné en professionnalisme et devient une adversaire à ne pas prendre à la légère.
Le score de Jean-Luc Mélenchon me paraît être un résultat en trompe l’œil. En écoutant les électeurs, il a bénéficié d’une sorte de vote utile de gens de gauche mais aussi de gens qui voulaient avoir une alternative de vote au deuxième tour. En clair, les castors ont tenté de faire barrage dès le premier tour. Cela n’a pas suffi mais a permis à LFI d’imposer sa loi à gauche pour les législatives. Le PS aura maintenant une quasi impossibilité à s’en relever en l’état.
La phase législative a été largement plus nuancée. Si je peux me réjouir de la réélection de Maud Petit (4e du Val de Marne), l’élimination de Sira Sylla (4e de Seine Maritime) et Jean François M’Baye (2e du Val de Marne) me laisse un peu amer.
Je constate en regardant les résultats de 2017 et ceux de 2022, que le centre gauche ne s’est pas mobilisé. Ils n’ont pas massivement voté pour la NUPES. En fait, c’est comme si cet électorat n’avait voté que pour des candidats NUPES dont ils étaient certains qu’ils n’étaient pas compatibles avec LFI. Ce qui renforce l’idée que LFI a profité de l’état de stupeur des résultats de l’élection présidentielle.
Un chiffre qui m’a interpellé est que 60% des duels gagnés par le RN l’ont été contre les candidats de la majorité présidentielle. Et ce car 18% des électeurs NUPES se sont reportés sur le RN.
Le jeu de postures de l’assemblée nationale ne doit pas vous tromper. Finalement, nous avons une NUPES qui sur-joue un côté provocateur et soixanthuitard tandis que le RN se positionne comme une force conservatrice. Entendre l’héritière du parti, dont des membres fondateurs se trouvaient impliqués dans l’attentat du Petit Clamart, défendre la Ve République contre la NUPES me laisse perplexe. Toute culture politique s’anéantit face à cela.
Mais en se notabilisant le RN risque de lâcher l’électorat populaire qui n’arrivait à faire entendre sa voix que par ce canal. Dans le même temps, je l’ai déjà dit, la masse de ceux qui ont portés le gilet jaune n’a toujours pas de débouché dans le débat.
Tout le monde parle des classes populaires et des classes moyennes, mais qui les entends ? Le spectacle de cirque que devient l’assemblée avec ses polémiques vides ne risquent pas de les pousser à se faire entendre par ce canal.
Et, les nuages viennent de l’Est, il est à craindre que nous ayons besoin de resserrer les rangs dans les années à venir. Mais pour cela il faudra que chacun accepte l’organisation de notre société. Cela ne se fera pas sans écoute et sans la certitude de chacun d’être entendu.
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