Par les temps qui courent les sujets d’angoisses et de craintes se multiplient. Il est tentant de s’enfuir et de se réfugier dans une bulle de douceur ou rien de ce monde étrange et hostile ne pourrait nous atteindre.
Alors pourquoi se souvenir, aujourd’hui et en cette période de ce qui a pu arriver dans des contrées lointaines à un peuple étranger ?
Pourquoi rappeler des souffrances passées qui évoquent une sauvagerie qui fait honte à l’Humanité ?
D’abord parce que ce qui est arrivé n’est ni lointain dans le temps ni dans l’espace. Avril 1915 certes plus d’un siècle mais la mémoire des grands parents se transmet. Mémoire qui rappelle les adresses que la France et le Royaume Uni avaient à l’époque envoyées à l’empire Ottoman parlant déjà de “crimes contre l’humanité et la civilisation”. Mémoire qui défaillit quand presque 30 ans après un autre génocide fut déclenché. Mémoire dont l’absence serait à craindre car la bête toujours sommeille.
La France a voulu se doter d’une loi mémorielle. Notre président a voulu renforcer cette loi par une journée officielle du souvenir. Il est bon que chaque élu, ou que ceux qui aspirent à le devenir, s’emparent de ces outils.
Mais n’ayons aucune illusion : une loi et une journée seules ne servent à rien. Ce sont des outils posés là sans vie. Seule la volonté déterminée de prendre ses outils et de les actionner sont porteur de vie et de création.
Ce souvenir ne doit pas être un poids mort pour notre pays et notre peuple. Ce souvenir doit raviver les liens séculaires entre les peuples Arméniens et Français. Un moment pour nous rappeler ces réfugiés venus avec leurs forces et leurs talents enrichir la culture et l’économie de notre pays. Un moment pour nous rappeler la fraternité d’armes qui a fait d’Arméniens de farouches combattants pour notre liberté. Un moment pour nous rappeler enfin que la liberté d’un peuple ne peut se marchander qu’au prix de la liberté de tous.
En ce jour, rappelez vous que vous êtes des êtres humains libres. Rappelez vous que cette dignité et cette chance sont fragiles. Rappelez-vous enfin ceux à qui elles ont été déniés et, en leur souvenir, rappelez-vous de les vivre pleinement.
Que de la peine surgisse la joie, la victoire sur la barbarie est de ne rien oublier sans rien céder de la vie.
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