Il est assez étrange de parler d’un livre ayant pour auteur Héraclite alors qu’il n’en existe aucun exemplaire connu au monde. Héraclite, s’il a existé, a vécu à la fin du VIe siècle av. J.-C. et s’il a écrit un livre, on ne l’a jamais retrouvé.
Il reste qu’il y a de nombreux auteurs qui ne cessent de le citer comme s’ils l’avaient lu. Des prestigieux comme Platon, Diogène Laërce, Plutarque ou Cicéron des moins connus comme Clément, Sextus Empiricus ou Stobée l’ont cité très souvent.
En recoupant les citations, en analysant le langage utilisé, il est alors possible non pas de reconstituer son œuvre mais d’en établir des fragments. C’est d’ailleurs ainsi que traditionnellement les recueils de citations d’Héraclite sont nommés.
Est-il intéressant de lire ce type de recueil ? Je le pense et en particulier cette édition. Car le compilateur ne s’est pas contenté d’aligner les citations mais les a remis dans leur contexte. Chaque citation est accompagnée d’une note qui explique les choix de traductions ainsi que l’explication voire les contresens qui ont pu être fait.
Et qu’en retire-t-on ? Pour ma part une certaine modestie. Si nous avons une avance technologique incontestable, le fondement de la raison n’a finalement pas beaucoup évolué depuis Héraclite.
J’ai trouvé aussi très intéressant certains rapprochements de l’union des contraires et du logos avec les textes sacrés indiens, les Upanishad, dont les plus anciens ont été composés entre 800 et 500 av. J.-C.
Y a-t-il un lien ? S’agit-il d’une simple proximité due au hasard ? Impossible de répondre vu notre peu de connaissance.
Il reste que lire ce genre de livre permet d’éclairer notre présent. Il nous apprend aussi qu’aussi lointain que l’on puisse être géographiquement et temporellement, la pensée humaine n’est jamais étrangère.
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