Rien n’est plus dangereux qu’une bête acculée. Et la manière dont les régimes russes et biélorusses réagissent, nous le rappelle. Sous des dehors de grosses brutes n’ayant peur de personne, les régimes autoritaires de ces pays se retrouvent à craindre même leur ombre. Ils sont cependant déjà condamnés.
Pourtant les opposants sont impitoyablement recherchés, emprisonnés, torturés et parfois même ils subissent des tentatives d’assassinat. Pourtant les régimes tiennent encore fermement l’appareil répressif.
Mais la première limite de ces régimes c’est qu’ils ne savent pas se perpétuer. Si MM. Poutine et Loukachenko sont encore au pouvoir ce n’est pas qu’ils sont exceptionnels. C’est qu’ils ont consciencieusement éliminé toute alternative. Il n’y a aucun consensus entre les clans au pouvoir pour désigner un successeur. Il n’existe aucun mécanisme dynastique. Ils n’en sont pas encore au point de l’Algérie de Bouteflika mais la différence va rapidement devenir ténue.
L’état de faiblesse des appareils répressifs se mesure à leur incapacité à mettre au pas les pays autour d’eux. L’URSS de 56 à mis au pas la Hongrie en une semaine, celle de 68 est venue à bout de la Tchécoslovaquie en un mois. L’Afghanistan a sonné le glas de ses capacités d’occuper efficacement le terrain. L’Ukraine a montré que la Russie ne pouvait pas mettre à genoux un pays même miné par ses divisions. C’est dire si elle n’est guère pressée de s’impliquer trop profondément en Biélorussie.
Pour l’instant chaque régime essaye d’aider l’autre mais les populations bouillent de plus en plus de colère. Pour ceux qui ont l’habitude de regarder les vidéos russes sur YouTube, il est assez incroyable de voir à quel point la parole des Russes est libre et caustique. Toutes les manifestations à travers le pays, les groupe de musique chantant leur soutien aux habitants de Khabarovsk et les vidéos du « chtab » Navalny tissent une constante : les Russes en ont marre. Les Biélorusses prouvent chaque dimanche que leur colère n’est pas moins grande.
En matière d’avenir, il n’y a rien de plus difficile que les prévisions. Mais il est certain que les jours de ces régimes sont comptés. Quel sera la suite ?
Je veux croire que la démocratie peut s’imposer dans ces pays. Ils en ont les capacités. Ils sont prêts. Ce ne sera sans doute pas une démocratie telle que nous l’entendons. Il existe une spécificité slave qui me semble irréductible. Une manière de voir le monde qui fait la richesse intellectuelle et artistique de ces pays. Pourtant, je crois que cette démocratie sera authentiquement compatible avec l’Europe. Et j’ai chevillé au cœur la certitude que c’est avec ces pays que se situe notre avenir. Un avenir qui ne peut rien concéder à la liberté des peuples slaves de s’autodéterminer loin des patriarches auto-proclamés. Et tout ce qui peut être fait pour les aider en ce sens, sera un pas résolu vers notre avenir.
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