Une jeune aide-soignante est morte de manière horrible à Lyon dans la nuit de samedi à dimanche dernier. Elle était venue à Lyon pour un anniversaire. Une fête dans un parc, un peu de liberté et de joie après la période de confinement.
Malheureusement, un début de bagarre à propos d’un chien va déboucher sur une scène d’horreur. La bagarre s’envenime et deux protagonistes tentent de fuir à bords de leur voiture. Ils s’engagent par erreur dans une impasse, font demi-tour. A ce moment la jeune femme cherche à faire s’arrêter la voiture. Le conducteur décide de passer outre et la renverse. Malheureusement, elle reste accrochée à la voiture qui la traîne sur près de 800 mètres. Pour les personnes qui veulent les détails, vous pouvez consulter l’article du Progrès de Lyon d’où je tire ces éléments.
Cette histoire n’est pas que triste. J’ai été proprement horrifié. J’ai une idée précise de ce qui arrive à un corps traîné sur quasiment un kilomètre. Je n’ose imaginer ce qu’elle a pu souffrir. Le conducteur s’est rendu. La Justice va pouvoir travailler à l’établissement précis des faits.
Si j’expose cette histoire, après quelques hésitations, c’est que malheureusement certains veulent maintenant utiliser sa mort.
Mon attention a été attirée alors que le récit des faits était radicalement différent.
Dans ce récit, cette femme promène son chien à trois heures du matin. Il est assez rare de promener un chien qu’on n’a pas dans une ville où on n’habite pas.
Toujours dans cette version, la voiture ne tente pas de fuir mais fait la course avec une autre voiture. Et, alors qu’il est censé faire une course, le conducteur décide brutalement de s’acharner sur un chien en lui roulant plusieurs fois de suite dessus avant de rouler sur la jeune femme.
On passe d’une horrible histoire de bagarre qui tourne mal à l’acharnement barbare d’un individu sur une femme qu’il ne connaît pas.
J’ai été étonné des réactions disproportionnées quand j’ai eu la naïveté de croire que certaines personnes avaient été trompées par une présentation biaisée des faits. En fait ce récit pervertis arrange beaucoup de monde.
L’extrême droite qui cherche à mettre en avant le nom du conducteur. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour voir fleurir les messages vengeurs exigeant la publication des noms et des déclarations d’amour à une personne qu’ils ignoraient quelques jours avant. Je ne m’y habitue guère mais leur régularité dans la perversion n’est plus un étonnement.
Je suis beaucoup plus alarmé de voir des tenants de la droite républicaine se saisir de la version tordue. Instrumentaliser une victime pour tenir un discours sur l’effondrement de l’ordre est déjà inquiétant. Voir des personnes d’habitudes plus affûtées et capable d’analyse tomber dans le panneau sans réflexions est franchement alarmant.
Soyons clair, j’ai mon compte d’erreur dans de semblables circonstances. Mais, conscient de mes limites, j’essaye maintenant de ne pas réagir dans l’urgence.
J’espère qu’avec le recul la raison et l’exposé des faits remettront cette histoire à sa vraie place. Le premier devoir aux victimes, c’est la vérité des faits.
Ce qui m’inquiète plus c’est de voir comment la version barbare de cette histoire semble combler une attente. Aussi pervers que cela puisse sembler, j’ai l’impression que nombres de gens attendent ce genre d’histoire. Comme une version gore de la conclusion de « L’Homme qui tua Liberty Valence ». Ce qui compte c’est la légende pas la vérité.
Mais sans la vérité des faits, il n’y a pas de démocratie.
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