Un réseau neutre ?

Voici le texte de ma quatrième chronique diffusée sur 133b

Aujourd’hui je vais vous parler d’un sujet qui hante votre quotidien sans que vous en ayez forcément conscience : la neutralité du réseau ou neutralité du net.

En quelques années, vous avez tous appris à vous familiariser avec internet et, sans être de grand spécialistes, vous avez déjà entendu parler des techniques qui tournent autour. Même si vous ne savez pas toujours ce que cela veut dire, ADSL, fibre optique, HTML sont des mots que vous avez pu rencontrer dans l’univers du net. Vous savez aussi qu’Internet est un réseau qui maille maintenant la plupart des continents et dont les premières branches sont apparues dans les années 70 aux États-Unis.

Alors qu’est ce que cette fameuse neutralité et à quoi peut elle bien servir ? En fait, la première chose à comprendre, c’est que, dans la conception d’internet, les ingénieurs ont utilisé un modèle, dit modèle OSI, qui répartissait tous les éléments qui font un réseau en couche indépendante entres elles. Ce modèle découpe en 7 couches les composantes d’un réseau de la couche physique, la base, à la couche applicative, celle que vous utilisez sur le net.

La neutralité concerne en fait toutes les couches entre ces deux couches. En effet, pour des raisons historiques, les réseaux physiques appartenait à des opérateurs privés pour la plupart et Internet s’est construit en s’appuyant sur ces réseaux physiques. Le principe de neutralité, à cet époque, à permis de développer internet car il consiste essentiellement à mettre en place des protocoles de communications non propriétaires et ouverts.

En clair, il s’agissait de permettre à des ordinateurs qui n’étaient pas fabriqués par les mêmes constructeurs et qui n’utilisaient pas les mêmes systèmes de se parler quand même. Pour cela il fallait que la manière de se parler soit connue de tous, qu’elle n’avantage personne et qu’elle ne puisse pas être modifié au profit de l’un et au détriment de l’autre. Si l’on voulait que tous les ordinateurs puissent aller sur internet, il fallait que tous puisse y aller. C’était simple et évident.

Internet a pris depuis un essor à peine imaginable et il nous semble maintenant tellement évident que, dans les conversations, le « je l’ai vu sur le net » remplace maintenant le « je l’ai vu à la télé ». En 2009, Benjamin Bayart, tenant compte de l’évolution des techniques a alors posé quatre principes qui permettent de s’assurer que cette neutralité puisse être garantie au bénéfice de tous.

  • Transmission des données par les opérateurs sans en examiner le contenu
  • Transmission des données sans prise en compte de la source ou de la destination des données
  • Transmission des données sans privilégier un protocole de communication
  • Transmission des données sans altérer le contenu

Pourquoi ces quatre principes ?

On peut reconnaître facilement dans les deux principes centraux ce qui a fait internet et lui a permis de s’imposer. Permettre a tout ordinateur d’utiliser le réseau et de communiquer avec n’importe quel ordinateur du réseau. Pourtant ces deux vénérables principes sont remis en question par les opérateurs. Leur argument est assez simple : aujourd’hui des entreprises comme Google ou Facebook utilise une grande partie de la bande passante sans supporter les coût de déploiement de cette bande passante. Petite précision de vocabulaire, la bande passante, pour schématiser, c’est la grosseur du tuyau disponible pour faire passer les données. Plus elle est grande, plus vous pouvez faire passer beaucoup de données rapidement. Or plus nous sommes nombreux, et plus nous utilisons le réseau, plus les opérateurs doivent investir. Pour se maintenir, ces opérateurs souhaiteraient donc pouvoir proposer des sortes de forfaits premium garantissant à ceux prêt à payer plus un débit minimum.

Le premier et le quatrième principe semblent moins liés à la définition originelle de la neutralité mais sont tout aussi essentiels. En effet, ces deux principes vous garantissent que votre fournisseur d’accès ne va pas s’amuser à vous empêcher d’accéder à certains type de contenu. Lui ou l’état dont il dépend.

Cela est bel et bon me direz vous mais, dans une démocratie, ces principes sont ils vraiment nécessaires ? Une première réponse est de dire que c’est justement parce que de tels principes existent que nous somme en démocratie. Un autre point est, qu’en France, des sociétés comme Free et Cegetel n’ont pas hésité à mettre à mal cette neutralité lors de négociations avec d’autres sociétés pour leur mettre la pression. Le non-respect de cette neutralité fait de vous, à votre corps défendant, un argument de négociation non pas dans votre intérêt mais de celui de votre fournisseur. De quoi faire réfléchir et être attentif aux arguments des défenseurs de cette neutralité ne croyez vous pas ?

Lien intéressant :

Dossier de l’association « La Quadrature du net » sur la neutralité

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