L’information, le démenti et la farce : l’indépendance de M. Borloo

Le propre des journaux, du moins de nos jours, est de s’assurer de bons chiffres de ventes. Pour cela, il ne faut pas hésiter à faire dans le spectaculaire pour être sûr d’accrocher le chaland.

Comme disait Yvan Audouard, « Une information plus un démenti, cela fait deux informations pour le prix d’une. -Et c’est toujours la fausse qui reste dans les mémoires. » C’est un peu ce qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai vu cet article du Journal du Dimanche qui nous annonçait la triomphale entrée en lice de M. Borloo comme le représentant du centre.

Malheureusement, comme toujours, le diable se cache dans les détails. En effet, 1% le sépare de François Bayrou ce qui est inférieure à la marge d’erreur du sondage. Mais il faut faire vendre, créer le suspense, et il faut l’admettre Borloo est un meilleur client que Bayrou de ce point de vue.

Après avoir été ministre pendant neuf ans de Nicolas Sarkozy, avoir manqué de peu d’être son premier ministre, on ne sait toujours pas pour qui roule M. Borloo. N’est il pas finalement que le rabatteur des voies centristes pour un UMP sur la voie de la droitisation extrême ?

Au niveau indépendance, il suffit de se rappeler que le parti de M. Borloo dépends à plus de 77% des financements de l’UMP pour avoir des doutes. Peut on raisonnablement mordre la main qui vous nourrit ?

Bref, l’opération Borloo est lancée et il reste à savoir si les électeurs s’y laisseront tromper. Ce qui est rassurant, pour le moment, c’est que, très logiquement pour un homme de droite, il prends surtout sur l’électorat de l’UMP. Mais comment réagiront les électeurs lorsqu’il comprendront être les victimes d’un coup médiatique ?

Je discutais dimanche avec des citoyens qui me faisait part de leur désarroi face à ce qu’il faut bien appeler le spectacle politique actuel. Tellement de gens se présentent comme centristes et humanistes que les mots perdent de leurs sens.

Il faut rappeler que le centrisme ne peut se comprendre que dans une vraie indépendance. Indépendance qui permet d’adhérer à un projet quand il paraît juste mais aussi de refuser lorsqu’il n’est pas conforme aux valeurs essentielles.

L’humanisme ne peut se concevoir, lui, sans une morale, une vision de ce qu’est l’Homme. Cette vision va au-delà de la morale de boy-scout pour s’attacher à lui donner les moyens de décider par lui-même ce qui est bon pour lui. Moyens qui passent par l’éducation mais aussi par une information libre et complète.

N’est pas centriste celui qui dit quitter un parti de droite mais continue d’en être financièrement dépendant. N’est pas humaniste celui qui « oublie » d’informer les citoyens de ce point crucial.

Pour finir, encore une citation d’une grande dame, « La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat. » Hannah Arendt. Dommage que trop de journalistes oublient ce grand principe.

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