Il y a des manifestations qu’aucuns démocrates ne peut rater c’est celle où l’on soutient un peuple dans son irrésistible marche vers la liberté. Je ne pouvais qu’aller au rassemblement pour soutenir le peuple Tunisien place de la République.
Surprise réconfortante, la foule était là et pas que de Tunisiens. Les drapeaux de parti bien Français flottaient aux vents. Ces drapeaux étaient générateurs de sourires désabusés de la part des gens venus là soutenir dans un moment de vérité et de souffrance un peuple. Mais enfin c’est, paraît il, un mal nécessaire.
Je me suis étonné du nombre de drapeaux Algérien auprès d’un ami écrivain. Il m’a expliqué alors qu’une autre marche avait fusionnée avec celle soutenant du peuple Tunisien. Cette marche devenait donc une marche de soutien des peuples du Maghreb en lutte pour la justice et la démocratie.
Grâce à cet ami, j’ai pu discuter rencontrer et parler avec des gens avides de « vider leurs sacs ». Je trouvais d’ailleurs que l’ambiance générale de cette manifestation, en dehors des slogans conspuant la dictature, était vraiment tournée vers ce besoin d’une prise de parole populaire. Tous voulaient dire ce que devaient être la Tunisie ou l’Algérie. Parole parfois à la limite de l’élucubration mais paroles libres enfin !
Il y a là comme un immense espoir qui se lève dans un ciel de nuages noirs. Une parole qui prend enfin forme dans un peuple si longtemps et si violemment réduit au silence. Bien sur rien n’est fait et il reste encore beaucoup d’interrogations sur l’avenir.
Une discussion avec une Française de mère Algérienne m’a édifié sur la situation des campagnes Algérienne et la violence sourde qui s’y accumule. Sous pression économique avec la crise, des populations jeunes et assez éduquées pour comprendre la spoliation dont ils sont victimes rongent leur frein. La secousse Tunisienne ne pourrait être qu’un prélude même si le gouvernement Algérien a mieux anticipé ses réponses.
Les souvenirs de la guerre civile doivent continuer aussi à travailler en profondeur cette société meurtrie. Ça pourrait être paradoxalement un élément apaisant : peu sont près à revivre sans frémir les années où on ne savait plus qui tuait et pourquoi.
Enfin, beaucoup d’espoir quand même a recouvert ces inquiétudes et je veux garder cet espoir au cœur. La Tunisie a les moyens intellectuels et humains de réussir la démonstration qu’il n’y a pas de fatalité de la dictature dans un pays Arabe. Cette réussite, démenti flagrant du pessimisme ambiant, montrait aussi qu’on ne construit pas une démocratie avec des armes étrangères mais par la volonté du peuple seule.
« Nul explosif n’est plus puissant que l’âme d’un peuple libre » disait Churchill, j’espère que nous aurons bientôt une nouvelle démonstration de cette maxime.
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