La revue Le Débat va disparaître mais son niveau d’exigence fait que même un vieux numéro est toujours intéressant à lire.
Le N°207 date de la fin de l’année 2019 mais recèle quelques pépites.
Pour les amateurs, un retour sur la proposition de Bernard Cazeneuve qui a littéralement fait pschitt. On voit là que la volonté du PS de se reconvertir à l’écologie se heurte à un véritable problème de crédibilité.
L’article sur les révolutions de 1848 est très intéressant. C’est un objet historique peu connu car quasi sans égal en Europe. Le seul qui pourrait éventuellement s’en rapprocher sont les révolutions arabes. D’où l’intérêt de comparer les points communs et les différences.
Pour rester sur l’histoire, la revue fait un retour sur l’année 1979. Quelques articles sur l’état du monde (Angleterre, Iran, URSS…) aident à comprendre à quel point cette année a été une année charnière.
De manière plus intéressante et plus concrète, l’article sur la métropolisation aide à comprendre que le feu allumé lors de la crise des gilets jaunes ne fait que couver. La Covid a pu l’atténuer mais pas le faire disparaître car ses conditions d’apparition n’ont pas radicalement changé.
On continue par une série d’articles intéressante sur l’impact des Big data sur la science ; En partant d’un vieil article de Chris Anderson plein d’espoir, on en arrive à un constat sur les limites des Big Data sur l’accès à la connaissance. Finalement, ces données ne nous renseignent que sur ce que nous connaissons déjà.
Le numéro se termine avec un des problèmes les plus épineux de la philosophie occidentale : le nazisme de Heidegger. Son adhésion au parti Nazi et son discours du rectorat ne permettait plus de douter à tout le moins de sa compromission. Mais pouvait on sauver la philosophie heideggérienne des fautes de Martin Heidegger ? La publication des carnets noirs, ses notes intimes, couvrant la période de la guerre et de l’après-guerre montre à quel point sa philosophie était imprégnée par un antisémitisme viscéral. Trois articles essayent d’éclairer ce sujet de trois points de vue plus ou moins favorables au philosophe. Mais aucun ne peuvent masquer que cet antisémitisme imprègne cette philosophie. Il reste donc d’en connaître jusqu’où…
Un bon numéro à lire donc.
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