Notre héritage n’est précédé d’aucun testament.
René Char – Fureur et Mystère
Toute mort est une tragédie. La fin d’une histoire, d’une relation, un manque qui ne pourra être comblé. Toute mort nous touche car elle nous parle de notre propre fin.
Souvent seul le silence peut accompagner cet évènement.
Pour l’annonce de la mort de Jean-Michel Cadiot, je me dois pourtant de payer une dette à un homme profondément humain.
Journaliste, écrivain, homme politique, il est tout cela pour beaucoup. Ses engagements sans failles pour défendre l’Humain, le faible, le méprisé en font un homme remarquable. Et rien que pour cela nous devrions déjà être peiné.
Je lui dois d’avoir donné une âme à mon engagement politique. Il portait à travers ces combats et sa manière d’agir l’héritage d’une belle famille politique. C’est cette famille qui est devenu la mienne le jour où il me l’a fait connaître.
Il m’a transmis cet héritage issu du Sillon et de la Jeune République. Il m’a fait connaître Marc Sangnier. Et, surtout, il m’a montré par l’exemple ce qu’il fallait être pour en être digne.
Car cette histoire a été niée. De doctes politistes venaient nous asséner la certitude que le centre n’existait pas. Il faut dire que nous refusions, et nous refuserons toujours, de plier aux conceptions dominantes.
Nous refusons d’enfermer l’Humain dans une destinée fixée par l’Histoire, la Race ou la Planète. Nous ne pensons pas que l’histoire humaine est déjà écrite. Nous refusons enfin de croire que l’Humain se construit seul.
Nous croyons que nous nous construisons à partir d’un Héritage. Nous pensons que toute société se construit réellement lorsqu’elle sait gérer son passé pour se tourner vers l’avenir. Nous croyons en la transformation plutôt que la disruption.
C’est cela notre âme. C’est ce qui fait se tenir debout face à l’adversité. Cette certitude qui nous fait repartir au combat malgré le mépris et la défaite. Non pas pour nous mais pour ce qui nous semble juste et digne.
La peine est immense. A la mesure de ce que je lui dois.
Merci Jean-Michel. Ce que tu as transmis, il nous faut maintenant le transmettre.
Amis allez dire aux quatre vents
De notre peuple dispersé
Qu’un fidèle de la République est parti se reposer
Ses lois et ses idées ont rempli son temps
Pour nous il reste le silence….
Et puis le vent.
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