
Alors que la guerre en Ukraine entre dans une phase critique, les équilibres géopolitiques se redessinent. Les États-Unis, tournés vers l’Asie-Pacifique, réaffirment leur priorité stratégique, laissant l’Europe face à ses propres responsabilités en matière de sécurité. Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rappelé l’urgence pour le continent de se doter d’une défense autonome et de renforcer ses capacités militaires face à la menace russe.
Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné l’urgence pour l’Europe de prendre en main sa propre défense. Il a mis en garde contre une dépendance excessive aux États-Unis, rappelant que ces derniers ont historiquement orienté leur stratégie vers l’Asie-Pacifique. Cette tendance, initiée par Theodore Roosevelt en 1904 avec sa déclaration sur l’avenir américain tourné vers le Pacifique, a été renforcée en 2011 par Barack Obama et Hillary Clinton avec la politique du « pivot » vers l’Asie.
La guerre en Ukraine met en évidence cette dynamique géopolitique. D’abord le discours du vice-président américain J. D. Vance, prononcé à l’ouverture de la Conférence, leur était ouvertement hostile. Le lendemain, les Européens ont dû avaler de nouvelles couleuvres lorsque le général Keith Kellogg, envoyé spécial du président Donald Trump sur l’Ukraine, a expliqué très clairement que son pays n’avait pas l’intention d’inviter l’Europe à siéger à la table d’éventuelles négociations sur la fin de la guerre en Ukraine. Cette déclaration souligne le recentrage stratégique des États-Unis sur leurs propres intérêts et leur volonté de ne pas s’engager davantage dans le conflit européen.
Face à cette position, le président Zelensky a insisté sur le fait que la Russie ne cherche pas uniquement à négocier, mais vise la destruction systématique de l’Ukraine et une remise en cause de la stabilité européenne. Il a souligné que l’Europe ne peut plus se contenter d’attendre les décisions américaines et doit développer une capacité de défense autonome. Il a ainsi plaidé pour un renforcement des coopérations militaires entre les États européens afin de garantir la sécurité du continent indépendamment des aléas de la politique étrangère américaine.
Selon la chercheuse Anna Colin Lebedev, percevoir l’Ukraine comme un simple objet de négociation revient à valider la vision russe qui nie son statut de nation souveraine. Elle met en garde contre une approche strictement militaire de la puissance, soulignant que la résilience et l’organisation sociétale jouent un rôle clé. De plus, elle rappelle l’importance de ne pas confondre un cessez-le-feu avec une paix durable, nécessitant des garanties de sécurité à long terme.
L’appel du président Zelensky repose sur plusieurs propositions concrètes : un renforcement des capacités militaires européennes, une coopération accrue en matière de production d’armement et une diplomatie coordonnée. L’objectif serait d’assurer que l’Europe puisse faire face à d’éventuelles agressions sans dépendre entièrement des États-Unis. Le président ukrainien met en avant la nécessité de concevoir une stratégie collective pour garantir la sécurité du continent.
Alors que le soutien américain pourrait se réduire à l’avenir, l’enjeu est de savoir si l’Europe est prête à assumer son autonomie stratégique. La Conférence de Munich a souligné cette question centrale : l’Europe doit-elle continuer à compter sur une alliance transatlantique en mutation, ou prendre des mesures décisives pour renforcer sa propre sécurité et sa souveraineté militaire ?
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