« Comme n’importe quelle action, la pratique de la violence peut changer le monde, mais il est
Hannah Arendt – Sur la violence
infiniment probable que ce changement nous conduise vers un monde plus violent. »
Face à tout événement hors normes, il y a toujours un instant de sidération. Cet instant est sans
doute le plus redoutable car c’est dans ces moments que l’on peut dire ou faire quelque chose
d’irréparable. Il faut quand même prendre la parole. Poser des mots sur les actes et, de ce fait,
prendre parti.
Pour l’offensive barbare menée par le Hamas depuis le 7 octobre, que les choses soient claires, rien,
absolument rien, ne justifie le meurtre de civils de sang-froid, les viols et les prises d’otages. La
rhétorique consistant à justifier ces crimes par les violences subies par le peuple palestinien n’est, au
mieux, que du cynisme assumé. Cette attaque ne se justifie que par la volonté du Hamas de se
maintenir au pouvoir coûte que coûte dans la bande de Gaza.
Le Hamas est une organisation étatique de fait puisqu’il gère la bande de Gaza dans tous ses aspects.
Il est aussi clair que ce proto-état est sous perfusion1 . En effet, le blocus partiel imposé depuis 20052
par Israël et l’Égypte fait que le territoire déjà difficilement viable économiquement ne peut tout
simplement pas faire vivre sa population sans aide. Gaza est l’un des territoires dont la densité de
population est de 3 950 habitants au km². Soit environ 3,8 fois la densité de population de la ville de
Paris3.
Les conditions de vie étant déplorables, et ne pouvant guère s’améliorer, le Hamas a besoin d’un
ennemi. C’est ainsi que tout pouvoir dictatorial se maintient. Israël est le pays idéal pour cela. Et, là
aussi soyons clair, le gouvernement israélien d’extrême-droite a fait exactement ce qu’il fallait pour à
la fois rendre Israël plus détestable aux yeux des Palestiniens et suffisamment faible militairement
pour être attaquable. Tous les extrémismes amènent à la guerre que ce soit volontairement ou non.
L’ampleur, la coordination de ces attaques posent question. Elles relèvent d’une action nécessitant
des moyens étatiques dont le Hamas n’est pas détenteurs. Il a fallu des moyens de renseignements. Il
a fallu des moyens de communications sécurisés. Il a fallu enfin un armement adapté qui échappe
aux contre-mesures israéliennes. Il est clair, ils ne s’en cachent pas, que les mollahs iraniens ont
participé à cet aspect de l’attaque. Il apparaît aussi que la Russie était suffisamment informée pour
l’exploiter dans le champ informationnel afin de détourner l’attention et, du moins l’espère t’elle, les
moyens occidentaux de la guerre en Ukraine.
Et c’est là où les démocrates à travers le monde doivent comprendre que la seule condamnation du
Hamas ne suffit pas. Elle est nécessaire mais clairement insuffisante.
Le Hamas en se déguisant en défenseur du peuple palestinien et en libérant sa sauvagerie sur les
civils israéliens a fait le choix d’un camp. Ce camp composé de pays aussi peu recommandable que
l’Iran, la Syrie et la Russie a fait de la violence aveugle et barbare un mode d’action usuel. C’est
contre cette pratique et contre ces propagateurs que nous devons nous unir et agir concrètement.
Agir concrètement cela veut dire nous donner les moyens légaux et opérationnels pour combattre
leur propagande. Cela veut dire aussi d’admettre, aussi déplaisant que cela puisse être, que seule la
force peut arrêter la barbarie.
Aider l’Ukraine, Israël et les opposants aux régimes dictatoriaux, c’est tout un. Ces moyens manquent
paraît-il. Ils manquent parce qu’aujourd’hui nous refusons de nous les donner. Ce n’est pas une
vérité plaisante à dire mais le temps du confort pacifiste est venu à son terme. Ces choix nous sont
imposés. Nous pouvons les refuser mais ce serait accepter la pire des servitudes.
Nos ancêtres ont été capables de faire ces choix. Nous avons déjà été capable de faire preuve de
détermination face à la nécessité. Il nous faut maintenant, collectivement, faire le choix de l’alliance
des démocraties contre la barbarie.
Poster un Commentaire