Réflexion sur la vaccination

Une fois n’est pas coutume, il me semble que vu le sujet une petite déclaration liminaire s’impose. Soyez bien certains que je suis « totalement soumis au grand capital », un « mouton de Panurge bêlant suivant les instructions du gouvernement » et « un incompétent crasse ». Je continue de m’interroger sur ce que voudrait dire être soumis au petit capital, ou être un mouton silencieux ou enfin un incompétent propre. Cette déclaration vise à faire gagner du temps à ceux qui pensent que toute parole pro-vaccination est la marque certaine de l’appartenance au complot pédo-satanico-judéo-maçonnique contre la liberté de propager le Covid. Ils peuvent s’arrêter là.

Depuis quelques temps toute prise de parole à propos des vaccins donne lieu à des échanges souvent violents et rarement constructif. Mon propos liminaire n’a d’ailleurs d’autres but que d’essayer de dissuader ce genre d’échange. Je ne me fais guère d’illusion car il y a souvent de part et d’autre une volonté d’élimination de l’avis contraire.

Pour ma part, je suis clairement pour la vaccination. Depuis le début de cette maladie dont même l’origine n’est pas certaine, la seule constante a été notre totale incapacité à prévenir la diffusion du virus et de contenir ses multiples variants. La panique nous a saisi quand nous avons réalisé que non seulement ce virus ne pouvait être contenu mais qu’en plus il pouvait tuer.

Saisi par cette panique, il y a eu deux attitudes également négatives : la surprotection et le déni.

La surprotection a été de, par exemple, le traiter comme s’il s’agissait d’un agent pathogène capable d’infecter par un simple contact. Il s’agit d’un virus respiratoire, comme son cousin le SRAS, ce qui ne le rends pas moins dangereux mais limite sa transmission au contact aérien.

Le déni a été de faire comme s’il s’agissait d’une « gripette » et de comparer le nombre de mort à ceux de la grippe et, quand ils furent largement dépassés, à n’importe qu’elle autre cause de mort. La différence est que cette mort là nous aurions pu la contenir si, bien en amont, nous l’avions pris un minimum au sérieux.

A se croire plus fort que le virus, nous nous retrouvons face à une « super grippe » qui ne fait que des pauses pour reprendre de plus belle dès que nous nous relâchons. Car ce virus mute et l’avoir eu une fois ne garanti pas de ne pas le ravoir parfois même quatre mois plus tard.

Aujourd’hui, pour espérer contrôler la propagation du virus, il nous faut impérativement casser les chaînes de contagions. A titre personnel, et avec un manque réel d’expertise je l’avoue, j’ai du mal à croire que nous aurons assez de discipline dans l’année à venir pour être capable de le faire efficacement. Le port du masque, la ventilation continue des locaux et la distanciation sociale demande une attention soutenue que quasiment personne n’est capable de maintenir dans sa vie de tous les jours.

L’option de laisser courir la maladie et de gérer les conséquences a été une fausse bonne idée du début de cette épidémie. Tout d’abords, même si les formes graves sont largement minoritaires, car lorsque vous multiplier par plusieurs millions cela donne un nombre de malades qu’aucun système de santé au monde n’est capable de gérer. Et ce d’autant plus que vous, contrairement à la grippe, vous aurez à tenir sur plus d’un an avec des malades qui reviennent quatre à six mois après avoir été infecté. Le système de santé brésilien en a été le triste révélateur.

L’autre problème a été qu’en laissant la contamination courir, on a tout simplement permis l’apparition et la diffusion des variants. Ce n’est guère un hasard si c’est au Royaume Unis qu’est apparu le variant alpha. Le gouvernement s’est laissé aller à croire que le modèle Suédois était applicable aussi pour la Grande Bretagne. La dynamique de l’épidémie s’est chargée de lui rappeler que les habitudes de la population est un facteur essentiel qu’on ne peut négliger.

En fait tous les pays ont utilisé les mêmes méthodes la différences se situant entre leur caractères édicté par l’État ou la discipline incitant à suivre les recommandations. Et même ainsi il n’a été possible que de contrôler le volume de contamination mais absolument pas de le contrôler.

Sur la base de ce constat, seule la protection passive que représente le vaccin semble être la solution. C’est sur la base de ce pari qu’Israël, la Grande Bretagne et les États Unis ont basé leur stratégie.

Force est de constater que, même contre le delta, ce pari semble gagnant. Seulement peu de pays peuvent atteindre un taux de vaccination suffisant. En fait, seul Israël avec son taux de 85% de vaccinés est presque une anomalie. Soit pour des raisons d’absence de doses, comme la Tunisie, ou de méfiance de la population, comme en France, la plupart des pays sont en dessous de 70% de la population vaccinée. Ce qui veut concrètement dire que l’épidémie sera gérable mais pas contrôlable.

L’apparition du variant Delta change la donne. L’expérience israélienne montre qu’il n’est pas seulement deux fois plus contagieux que l’Alpha mais que les vaccins sont légèrement moins efficaces contre lui.

Il reste que donc la combinaison du vaccin avec les mesures actives sont ce que nous avons de plus efficaces pour espérer contrôler cette épidémie. Car l’objectif est bel et bien non seulement de protéger les plus fragiles mais d’éviter que de nouveaux variants apparaissent en limitant le nombre d’infection.

Mais nous sommes faces à un mur de méfiance qu’il semble maintenant impossible à vaincre.

Cette méfiance est alimentée par des gens, plus ou moins de bonne foi, qui mettent en avant toutes les incertitudes et les risques liés à la vaccination.

Des incertitudes nous en avions, nous en avons et nous en auront encore. Ce n’est pas propre au Covid, nous vivons en permanence dans l’incertitude et nous arrivons à vivre très correctement. Comme je le signalais d’emblée, nous ne sommes même pas certains de l’origine de ce virus. Il nous a fallu apprendre par expérience et dans la précipitation comment agir et comment nous protéger. Et je suis d’ailleurs fasciné de voir comment en moins de deux ans nous avons pu nous adapter.

Pour les risques concernant la vaccination, il y en a. Les vaccins Covid font partis des médicaments les plus surveillés au monde et les bases de données des effets secondaires sont d’ailleurs publiques. Comme tout médicament, un vaccin a des effets secondaires. Et, comme tout médicament, ce qui justifie son usage est la limitation des risques par rapport aux bénéfices qu’il apporte.

Et là se trouve un nœud essentiel du problème. Car si le vaccin est tout ce que nous avons de sérieux contre le virus, il reste qu’il faut que chacun accepte de prendre le risque de se faire vacciner. Pour les professionnels de santé, la question ne se pose pas en France. Du fait même de leur métier, ils ont déjà accepté que des vaccinations soient obligatoires pour eux. De même pour les professionnels de la petite enfance et les enfants scolarisés.

Pour ceux qui ne rentre pas dans ces catégories, l’obligation vaccinale n’est légalement pas possible en France. Face à la menace du Delta, le choix a donc été de mettre en avant un Passe Vaccinal. L’objectif serait alors de permettre aux non-vaccinés de continuer à l’être à condition d’accepter de se faire tester très régulièrement. La contrainte est forte mais respecte l’impossibilité d’obliger à la vaccination.

Il reste que cette stratégie peut être contestée au Conseil d’État. Il n’avait autorisé le Passe Vaccinal que tant qu’il n’entravait pas les actes de la vie courante. Or, l’utilisation dans les restaurants et les centres commerciaux rentrent bien dans cette catégorie.

Le risque que le Passe Vaccinal soit retoqué par le Conseil d’État est donc très fort. Ce qui représenterait un retour à la case départ. Et donc à, inlassablement, essayer de convaincre son entourage hésitant que la vaccination est un acte responsable et nécessaire.

Mais pour cela, il faudrait quitter l’ambiance passionnelle qui a saisi ce sujet.

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